Aubusson, une référence en tapisserie

Cité de la Tapisserie © DR
Depuis des siècles, quelques-unes des plus belles tapisseries du monde sont produites dans une petite ville du centre de la France. Une vingtaine d’ateliers perpétuent ce savoir-faire traditionnel et le musée de la Cité de la Tapisserie retrace l’évolution de la production.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
400 km depuis Paris par les autoroutes A6b, A10, A71 et A714 jusqu’à la sortie 43 puis par les D997, D40 et D990a jusqu’à Aubusson.
-Train
Train Intercités de Paris Austerlitz à La Souterraine puis autocar de La Souterraine à Aubusson. Le trajet dure autour de 4 h 20 mn.
Se loger
- Hôtels
Les Maisons du Pont
La Beauze
Le France
Le Chapitre
Au Petit Vatel, à Moutier-Rozeille, à 6km
-Chambres d’hôtes
L'Entresort
La P'tite Maison
Restaurants
Le France
Le Lion d’Or
Au Petit Vatel
Cité Internationale de la Tapisserie
Rue Williams-Dumazet, 23200 Aubusson
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h de septembre à Juin, de 10 h à 18 h et le mardi de 14 h à 18 h en juillet et août. Fermée en janvier.
Entrée : 7 € / 5 €
Tel : 0555630830
www.cite-tapisserie.fr
Musée des Cartons de Tapisserie
Pont de la Terrade
Ouvert mardi et samedi de 15 h à 18 h de novembre à mars, du mardi au samedi de 14 h à 18 h d’avril à octobre.
Entrée : 5 € / 2 €
Tel : 0688253507
atelier-musee.wixsite.com/amcarta
Maison du Tapissier
Rue Vieille
Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 12 h de novembre à mars, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 18 h ainsi que le dimanche de 10 h à 12 h et de 14 h 30 à 17 h 30 d’avril à octobre.
Entrée : 5 €
Tel : 0555663212
Manufactures
- Manufacture Saint-Jean
3 rue Saint Jean
Visite du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h. Samedi et dimanche de 14 h à 17 h sauf en hiver
Entrée : 10 €
Tel : 0555661008
www.manufacture-saint-jean.fr
- Manufacture Pinton
9 rue Préville, à Felletin
Tel : 0555665542
Visites guidées via l’office de tourisme de Felletin mardi et jeudi à 10 h 30 d’avril à octobre.
Entrée : 4,50 € / 2 €
Tel : 0555665460
www.felletin-tourisme.fr
Informations
- Office de Tourisme d’Aubusson
Tel : 0555663212
www.tourisme-aubusson.com
- CRT du Limousin
Tel : 0555110590
www.tourismelimousin.com
- CDT de la Creuse
Tel : 0555519323
www.tourismecreuse.com
Le nom Aubusson évoque probablement quelque chose pour vous, notamment si vous vous intéressez à la décoration d’intérieur et aux arts textiles. Il s’agit en effet d’un des centres tapissiers les plus célèbres au monde, au point que c’est devenu un nom commun dans certaines langues. Autre preuve de sa renommée et de son excellence, en 2009 il a été inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO.


© Thierry Joly
 Œuvres uniques
Petite ville de 4 000 habitants du centre de la France, blottie le long de la rivière Creuse et entourée de collines boisées où se dressent les vestiges d’une forteresse médiévale, Aubusson compte encore aujourd’hui une vingtaine de manufactures et d’ateliers perpétuant ce savoir-faire traditionnel qui remonte au 15e siècle et certains sont ouverts au public. Utilisant des métiers de basse-lisse et travaillant sur l’envers de la tapisserie, les lissiers ne créent que des œuvres uniques faites sur commande, à la main, d’après des cartons réalisés par des designers. Selon la complexité du motif, il leur faut un mois et demi à deux mois pour faire un m2. D’où le prix des tapisseries d’Aubusson qui varie de 4 000 à 5 000 € le m2.
Pour en savoir plus allez visiter la Cité de la Tapisserie inaugurée durant l’été 2016 et aisément reconnaissable à ses murs recouverts bandeaux de bois et de toiles de différentes couleurs.



Cité de la Tapisserie © Eric Roger
 Cité de la Tapisserie
Renfermant des œuvres du 15e siècle à aujourd’hui, son musée montre l’évolution de la tapisserie et fournit des explications sur les techniques de fabrications ainsi que les matériaux utilisés. La visite débute par une salle consacrée aux tapisseries du monde entier. Puis, une vaste nef permettant l’accrochage d’oeuvres de grandes tailles présente de manière chronologique des tapisseries produites à Aubusson dans des décors rappelant l’époque de leur création. Deux périodes sont mises en avant. L’âge d’or d’Aubusson, entre les 15e et 18e siècles avec des tapisseries de syle mille-fleurs et verdures ainsi que des tentures narratives. Le renouveau du 20e siècle, avec des créations de peintres cartonniers comme Marc Saint-Saëns et des tapisseries d’artistes signées Jean Arp, Le Corbusier, Vasarely, Braque, Man Ray…Par ailleurs, une autre salle évoque les lissiers d’Aubusson, les techniques qu’ils utilisent et leur savoir-faire à travers ds objets, des documents iconographiques et audio-visuels.


Cité de la Tapisserie © Eric Roger
 Origines incertaines
Le parcours s’achève avec une salle dédiée à la création contemporaine car la Cité a également pour mission de former de nouveaux lissiers, d’assurer la promotion de la tapisserie d’Aubusson et d’encourager la création contemporaine. À cet effet, elle organise chaque année un concours ouvert aux artistes du monde entier, acquiert les œuvres des trois lauréats et les ajoute à sa collection permanente.Comment l’activité tapissière a-t-elle vu le jour dans cette région ?.... A-t-elle été introduite au 15e siècle par des artisans flamands ?... Par des Arabes qui se sont réfugiés et s’installés dans ce coin de France après leur défaite contre Charles Martel en 732 à Poitiers ? Personne ne le sait avec certitude bien que la première hypothèse soit la plus probable. Mais, ce qui est sûr c’est que les lissiers ont choisi ce lieu en raison de la pureté des eaux de la Creuse et d’une abondance de laine de qualité car de nombreux moutons étaient jadis élevés dans les environs.


Aubusson © Thierry Joly
 Manufacture Royale
Autre certitude, les premiers lissiers se sont installés à Félletin, à une dizaine de km de là, et non à Aubusson.
Mais la plupart des gens ne connaissent que le nom de cette dernière bien que les deux villes aient en 1665 et 1669 reçues de Colbert le statut de manufacture royale. Cependant, la production a toujours été assurée par des ateliers conservant leur indépendance et leur liberté de manoeuvre. Aux 17e et 18e siècles, ils connurent un remarquable développement produisant des tapisseries ayant pour sujet des verdures, des paysages, puis des scènes pastorales et galantes ainsi que des chinoiseries, sujets fantaisistes d’inspiration chinoise et orientale.
Une baisse de popularité survint au 19e siècle avec l’arrivée du papier peint et un déclin de la qualité de la production limitée à la copie de peintures existantes.
Heureusement, la tapisserie enregistra un renouveau dans les années 20 et 30 grâce à deux personnes.



Tapisserie de Dom Robert © Thierry Joly
 Renouveau au 20e siècle
Marie Cuttoli, industrielle du textile, collectionneuse d’art et mécène qui persuada de grands artistes comme Braque, Dufy, Léger, Matisse, Picasso, Miro, Le Corbusier et Rouault de reproduire certaines de leurs toiles sur tapisserie puis de réaliser des œuvres originales pour s’exprimer à travers les métiers à tisser. Le peintre et créateur de tapisserie Jean Lurçat, qui formula les principes de base pour faire de la tapisserie un art en soi et renoua avec la tradition des tapisseries médiévales en réintroduisant les gros fils, simplifiant les cartons et réduisant la palette de couleurs. Dans son sillage, une jeune génération d’artistes et de peintres contemporains a pris le relais et travaillé avec les ateliers d’Aubusson. Le plus célèbre est Dom Robert, un moine bénédictin dont les œuvres sont inspirées des enluminures des manuscrits perses et européens du Moyen Age.


Chantal Chirac © Thierry Joly
 Cartons de tapisseries
Si vous voulez en savoir plus sur les sujets et motifs tissés par le passé, allez visiter le Musée des Cartons créé par Chantal Chirac, la seule restauratrice de ces dessins utilisés par les lissiers pour exécuter les tapisserie. Il abrite des centaines de ces modèles, pour la plupart des gouaches sur papier des 19e et 20e siècles copiant des œuvres de célèbres peintres du 18e siècle tels que Boucher, Watteau, Fragonard et Oudry, mais aussi quelques huiles des 18e et 19e siècles.
Musée et atelier occupent une belle demeure ancienne située dans le pittoresque quartier médiéval de Terrade. Labyrinthe de petites rues, de passages et d’escaliers, c’était là où vivaient jadis les teinturiers et es lissiers. Un vieux pont en pierre le relie au centre ville qui possède plusieurs édifices valant un coup d’œil. L’église Saint-Croix, construite au 13e siècle, la Tour de l’Horloge, ancienne tour de guet des fortifications, plusieurs fontaines et maisons cossues bâties à la Renaissance.



Aubusson © Thierry Joly
 Maisons de la Renaissance
La plus belle est la Maison du Tapissier, jadis demeure d’une dynastie de tapissiers, les Corneille. Transformée en un petit musée abritant mobilier ancien, des tapisseries, un métier à tisser ainsi que des reconstruction d’un atelier d’un peintre de cartons et d’un marchande de tapisserie, elle dévoile l’histoire et les traditions de la tapisserie d’Aubusson.
Si vous avez le temps, allez à Felletin, là où tout à commencer. Car ce village possède non seulement quelques ateliers de lissiers mais aussi un patrimoine architectural qui témoigne de sa prospérité passée : vestiges de fortifications, de belles fontaines, des maisons à tourelles de la Renaissance et plusieurs édifices religieux. Le plus intéressant est l’église du Moutier, érigée au 12e siècle, qui renferme de belles peintures murales dont certaines ont été réalisées par les lissiers des manufactures locales.


30 Décembre 2016
Thierry Joly