Regards sur l'histoire à Meaux

Meaux © T.Joly
Grâce au Musée de la Grande Guerre, Meaux est devenu une étape incontournable pour les passionnés de ce conflit. Son centre historique recèle en outre des édifices religieux gothiques et moyenâgeux de premier ordre.

[ Pratique ]

Y aller
- Route
45 km de Paris par la N3, 55 km par l’autoroute A4
Train
Train de banlieue de Paris-Gare de l’Est à Meaux. Le trajet dure de 25 mn à 40 mn.
Se loger
Ibis Style
Hôtel Le Richemont
Restaurants
Maison Dugast
La Grignotière
Un Goût de Nature
Se déplacer
Les bus M6, 10, 11, 63 et 65 relient le centre ville et la gare au musée
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli, 77100 Meaux
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9 h 30 à 18 h. Fermé le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre.
Entrée : 9 € / 7 €
www.museedelagrandeguerre.eu
Informations
- CDT de Seine-et-Marne
visit.pariswhatelse.fr
Office de tourisme de Meaux
Tel : 0164330226
www.tourisme-paysdemeaux.fr
Une quarantaine de kilomètres à l’Est de Paris, Meaux abrite depuis novembre 2011 l’un des meilleurs musées dédiés à la Première Guerre Mondiale tant par les sujets abordés que par son extraordinaire collection. Mélange varié de près de 50 000 objets et documents, elle comprend plus de 200 uniformes des armées de 35 pays belligérants, des prothèses et autres équipements conçus pour les mutilés de guerre, des dessins, des affiches, des photographies, des journaux, toutes sortes d’armes, des masques à gaz, des casques, des équipements de communication et des objets personnels de soldats.


Monument Américain © Thierry Joly
 Monument aux victimes des Batailles de la Marne
Sans équivalent en Europe, elle a été rassemblée pendant 40 ans par un homme, Jean Pierre Verney, un collectionneur privé autodidacte passionné de guerre qui en a fait don à la ville de Meaux à la condition qu’elle soit correctement exposée et accessible au public.
Créer un musée sur la Grande Guerre dans cette ville de lointaine banlieue peut paraître surprenant pour beaucoup de monde, mais il y a une véritable légitimité historique. À l’automne 1914, durant la première Bataille de la Marne, l’un des grands engagements du début du conflit, les environs de la ville furent le point le plus proche de la capitale jamais atteint par les troupes allemandes. C’est pourquoi une statue en pierre blanche de 26 mètres de haut représentant une figure de la Liberté entourée de morts et de mourants se dresse juste à côté du musée. Officiellement nommée « La Liberté Eplorée », mais localement connue comme le Monument Américain, elle fut offerte par les Etats-Unis à la France en 1932.



Musée de la Grande Guerre © Thierry Joly
 Bâtiment futuriste
Elle est l’œuvre du sculpteur américain Frederick Mac Monnie et a été érigée en mémoire des soldats qui sont tombés lors des deux batailles de la Marne.
Entouré d’un parc paysager ou de discrets hauts parleurs diffusent des bruits de canonnades et de mouvements de troupes, le musée est un vaste quadrilatère surélevé au revêtement argenté où l’exposition permanente occupe 3 000 m2 et la scénographie moderne inclut de nombreuses projections, bandes sonores et écrans interactifs. S’y ajoute une salle de 300 m2 accueillant deux expositions temporaires par an.
La visite débute par un voyage au 19e siècle et dans le conflit de 1870 entre l’Allemagne et la France, puis se poursuit jusqu’en 1914 en rappelant la volonté de revanche et l’esprit militariste instillés aux jeunes Français, avant de se poursuivre avec les crises politiques et coloniales qui déclenchèrent la Première Guerre Mondiale.



Musée de la Grande Guerre © Thierry Joly
 Reconstitution d’un champ de bataille
Puis, le visiteur passe entre des vitrines contenant des mannequins grandeurs natures en résine et polyester de soldats français et allemands montant au front sous la conduite de trois officiers à cheval. Cela le mène dans la galerie centrale où est donné un rapide résumé du déroulement de la guerre. Cependant, l’essentiel de cette grande nef est occupé par une maquette grandeur nature représentant un champ de bataille typique de la Grande Guerre avec tranchées françaises et allemandes séparées par le si redouté no man’s land. Y sont également exposés des véhicules et de l’armement lourd dont un char Renault FT17, deux avions suspendus au plafond, un canon de 75 et un camion colombophile qui abritait des pigeons voyageurs, la méthode la plus fiable pour envoyer des messages sur le champ de bataille.
D’un côté de cette nef ont été aménagées de petites alcôves figurant l’intérieur de tranchées où sont projetés des très intéressants films d’époque français, anglais et allemands montrant les combats et les champs de bataille.



Musée de la Grande Guerre © Thierry Joly
 Sujets rarement abordés
De l’autre côté se trouvent des salles qui sont toutes dédiées à un thème particulier. Bien que ce soit un peu un labyrinthe en raison de l’architecture et d’un manque de signalétique, c’est incontestablement la partie la plus intéressante du musée car plusieurs de ces salles évoquent des sujets rarement abordés ailleurs. Citons le rôle décisif joué par les femmes dans le conflit, le recrutement de troupes dans les colonies anglaises et françaises, le support des grandes religions à la guerre, les avancées scientifiques et médicales dans des domaines comme la chirurgie, le soin des affections mentales et les prothèses qui résultèrent du besoin de traiter les nouvelles blessures dues à l’utilisation intensive de l’artillerie lourde et des gaz de combat.
Une salle s’intéresse également aux biens personnels des soldats et met en lumière leur créativité en exposant des objets fabriqués et façonnés dans les tranchées à partir de matériaux militaires.



Musée de la Grande Guerre © Thierry Joly
 Innombrables armes
Cela inclut reliefs érotiques gravés sur des douilles d’obus en cuivre, balles transformées en salières, mandolines et banjos faits à partir de casques, briquets fait à partir de grenades et de cartouches, jeux de cartes et de société,…
Bien entendu, il y a également des sujets plus classique comme les avancées technologiques enregistrées dans des domaines comme l’artillerie, le camouflage et les communications, les tactiques et stratégies, l’effort de guerre de l’ensemble population, le rôle majeur joué par le Corps Expéditionnaire Américain dans la victoire finale. L’armement n’est pas oublié avec un nombre innombrable de pièces allant du pistolet à la bombe largué à la main depuis les premiers avions et aux armures, dagues et massues de style médiéval confectionnées à partir de restes d’obus pour les combats au corps à corps dans les tranchées.
Enfin, la dernière partie du musée est consacrée aux conséquences de la guerre, mais elle ne présente guère d’intérêt. Si votre temps est limité, mieux vaut la passer rapidement et aller découvrir le centre historique de Meaux qui mérite une visite.



Cathédrale et palais épiscopal © Thierry Joly
 Cité Episcopale
Niché dans une boucle de la Marne, il témoigne de la prospérité passée de cette ville qui fut pendant des siècles l’une des plus riches et des plus puissantes du Nord de la France grâce à l’importante production agricole des campagnes environnantes. La région donne d’ailleurs son nom à l’un des fromages français les plus connus, le Brie de Meaux fabriqué à partir de lait cru de vache, bien sûr à la carte de tous les restaurants de la ville et encore fabriquée par des fromageries locales dont l’une se visite parfois.
En partie toujours entouré par un rempart Romain renforcé de tours au Moyen Age, ce vieux quartier s’ordonne autour d’une Cité Episcopale édifiée du 12e au 16e siècle. Chaque été, elle accueille un spectacle historique nocturne avec effets spéciaux, jeux de lumières et feu d’artifice qui réunit 500 acteurs. Son joyau est une imposante cathédrale gothique dédiée à Saint-Etienne, soi-disant inspirée de Notre-Dame de Paris mais jamais complètement achevée.



Vieux Chapitre © Thierry Joly
 La ville de Bossuet
À côté, reconnaissable à son escalier extérieur, le Vieux Chapitre était à l’origine le siège du chapitre des chanoines de la cathédrale et la grange aux dîmes avant d’être converti en sacristie. Jadis très convoité, le poste d’évêque de Meaux fut un temps occupé par Bossuet, prédicateur, écrivain et orateur réputé du 17e siècle qui, selon la légende, allait méditer et écrire dans le petit pavillon bâti sur les remparts. Il repose dans la cathédrale où se dresse un monument en son honneur et il donne aussi son nom au jardin à la française situé devant le palais épiscopal ainsi qu’au musée aménagé à l’intérieur. Datant du 12-17e siècles, les salles renferment une collection de peintures françaises du 16e au 19e siècle dont des œuvres de Le Nain, Van Loo et Millet ainsi qu’un ensemble de pots à pharmacie du 17e siècle.
Pour terminer cette découverte de Meaux, vous pouvez flâner dans les rues avoisinantes où s’élèvent quelques hôtels particuliers des 17e et 18e siècles et vous promener vous sur les berges de la Marne.


07 Octobre 2015
Thierry Joly