Artistes du monde

Franck Andrianjanahary © DR
Chaque année des centaines d’artistes étrangers sont invités à séjourner à Paris pendant quelques mois pour mener à bien un projet ou dans le cadre d’échanges culturels. Rencontres avec quelques-uns d’entre eux qui résident soit à la Cité Internationale des Arts, soit au Centre d’Accueil des Récollets.

[ Informations ]

- Cité Internationale des Arts
Tel : 0142787172
www.citedesartsparis.net
- Centre International d’Accueil et d’Echanges des Récollets
Tel : 0153262100
www.centre-les-recollets.com
- Ville de Paris, Direction des Affaires Culturelles
Tel : 0142768400
www.culture.paris.fr
- Culturesfrance
Agence des ministères des Affaires étrangères et de la culture et de la communication pour les échanges culturels internationaux.
Tel : 0153698300
www.culturesfrance.com
Stephen Sewell, écrivain australien. Franck Andrianjanahary, danseur et chorégraphe malgache. Elena Willis, photographe canadienne. Maya Itoh, pianiste et compositrice japonaise. Pedro Diego Alvarado, peintre mexicain. Tous ces artistes ont en commun de passer actuellement quelques mois à Paris, invités par des institutions de leur pays, la Ville de Paris ou le gouvernement Français. Mais ils ne sont pas les seuls, loin de là. Chaque année, plusieurs centaines sont dans ce cas. Tous artistes professionnels, sélectionnés sur dossier, en fonction de leur carrière ou de leur projet, après en avoir fait la demande ou avoir répondu à des appels à candidature, ils résident dans deux lieux d’exception.


Birds © Elena Willis
Le plus ancien est la Cité Internationale des Arts, située dans le 4e arrondissement, face à l’Ile Saint Louis. Créée en 1965, elle compte 309 ateliers - logements financés par des institutions privées ou étatiques françaises et étrangères. « Les 2/3 des mécènes choisissent eux-mêmes les artistes qu’ils hébergent tandis que le tiers restant des ateliers nous est confié en gestion et nous avons des commissions qui sélectionnent les bénéficiaires », explique Sidney Peyroles, le directeur de la Cité.
Les séjours allant de 2 mois à 2 ans, ce sont environ 900 artistes qui y résident chaque année. Pour faciliter les rencontres entre ces hommes et femmes originaires du monde entier, un grand déjeuner buffet est organisé une fois par mois, et les artistes ont également la possibilité d’exposer leurs œuvres ou de donner des concerts dans le bâtiment. « Ici, il n’y a pas de frontières, pas de préjugés. Américains, Iraniens, Israéliens et Palestiniens se côtoient sans problèmes », souligne Sidney Peyroles.
Plus récent, le Centre International d’Accueil et d’Echanges des Récollets a ouvert en 2003. Aménagé dans un ancien couvent, juste à côté de la Gare de l’Est, il comprend 81 appartements. Là aussi certains sont gérés par des organismes étrangers, d’autres par la Ville de Paris et le Ministère des Affaires Etrangères qui les attribuent à des artistes pour trois mois dans le cadre d’échanges culturels et suite à un appel à candidature lancé chaque année en avril.



Franck Andrianjanahary © DR
 Franck Andrianjanahary
Franck Andrianjanahary est l’un d’entre eux. Agé de 25 ans, il a commencé à danser à 17 ans et affirme, « Ce n’est pas moi qui ai choisi la danse, c’est elle qui m’a choisi, c’est venu comme cela ». A Paris depuis le 2 janvier, il travaille sur un nouveau spectacle qu’il présentera en France, Vi-a, un solo de 30 minutes qui raconte le voyage d’un homme autour de la Terre, de sa naissance à sa mort. Une création où il mélange danse contemporaine et hip hop. « Vivre à l’étranger m’apporte beaucoup. Je me trouve confronté à une culture et un mode de vie différents, ce qui m’a amené à modifier mon script ». Désireux d’élargir ses connaissances, Franck rencontre des danseurs, des chorégraphes, des professeurs. « Ici, contrairement à ce qui se fait chez nous, les danseurs utilisent des techniques classiques même pour les créations contemporaines. C’est très intéressant ». Mais il apprécie aussi de pouvoir regarder les jeunes qui dansent dans la rue. « Car chez nous c’est interdit ». Des expériences qui, il espère, l’aideront à monter un jour un centre chorégraphique à Madagascar.


Gopa's Dream © Elena Willis
 Elena Willis
Egalement arrivée en janvier, Elena Willis ne se doutait pas qu’elle viendrait à Paris il y a seulement quelques mois. « Tout s’est fait très vite. Suite à une exposition à Montréal une association qui promeut les échanges culturels entre la France et le Canada m’a fait cette proposition. Quand une occasion pareille se présente je pense que c’est parce qu'indirectement on le souhaite et cela ne se refuse pas ». Durant ses trois mois à Paris Elena entend visiter les galeries, voir des expositions, rencontrer des artistes, se faire connaître. Bien entendu elle fera aussi des photos, cherchera des lieux l’inspirant. « Changer d’environnement stimule la créativité ». Ceci dit les seules séances de prise de vue réellement programmées sont en Espagne où elle peut disposer d’une équipe et de matériel. Car Elena Willis n’utilise pas un appareil 24 x 36. La plupart de ses cliches sont réalisés sur négatifs couleurs 4 x 5 inches avec une chambre Sinar. Méticuleusement composés, ensuite tirés en grand format, 48 x 60 inches, ils recréent des rêves ou montrent des personnages confrontés à la puissance de la nature.


Stephen Sewell © T.Joly
 Stephen Sewell
Résidant pour trois mois à la Cité Internationale des Arts, Stephen Sewell est venu à l’invitation de l’Australian Council. Auteur de pièces de théâtre et de scénario, il est à Paris pour finaliser deux projets. Le scénario d’un film français qui sera tourné en Australie et relate l’aventure d’hommes ayant, fin 19e et début 20e siècles, établi le premier câble télégraphique vers la Nouvelle Calédonie depuis Mont Repos au Queensland. Une pièce de théâtre qui met en scène Zola et Cézanne au moment où les deux hommes se brouillent, sujet à travers lequel sont abordés l’engagement des artistes et leur intégrité, le modernisme dans l’art, l’amitié. « Etre ici m’est donc très utile car je peux faire des recherches pour ces deux œuvres et visiter la maison de Zola. De plus, ne pas être un touriste, mais habiter plusieurs mois au même endroit me permet de mieux connaître la mentalité française ». Déjà auteur de plusieurs pièces figurant des artistes, Stephen Sewell est également très connu comme auteur engagé. Contant les mésaventures d’un écrivain australien installé aux Etats-Unis qui critique la politique anti-terroriste, sa dernière pièce, « Myth Propaganda and Disaster in Nazi Germany and Contemporary America », a d’ailleurs été la plus récompensée de l’histoire du théâtre australien.


Maya Itoh © T.Joly
 Maya Itoh
Vivant pour la première fois à l’étranger, invitée à Paris pour un an par une institution japonaise, Maya Itoh est arrivée à la Cite Internationale des Arts en octobre. « Cette expérience m’ouvre l’esprit, me fait évoluer, et elle aura sans aucun doute une influence sur mes futures compositions ». Souhaitant parfaire sa technique, elle est très contente de pouvoir suivre des cours à l’Ecole Normale de Musique de Paris. « Suivre l’enseignement de professeurs français m’a déjà permis d’être plus relaxée au niveau du bras et d’améliorer mon toucher de doigt ». Ce séjour est aussi pour elle l’occasion d’assister à de nombreux concerts, de découvrir de nouveaux musiciens, et de rencontrer des artistes résidant comme elle à la Cité. Un compositeur brésilien, dont elle interprétera prochainement des œuvres, mais aussi des peintres, des sculpteurs, des photographes. « Parler avec eux me permet de mieux comprendre leur art, c’est culturellement très enrichissant ». Tout ceci la conduit maintenant à envisager de nouveaux voyages, alors qu’au début elle pensait rester à Paris. « Mais je veux d’abord explorer la ville à fond ».


Pedro Diego Alvarado © T.Joly
 Pedro Diego Alvarado
Peintre naturaliste reconnu au Mexique, Pedro Diego Alvarado réside actuellement pour 8 mois à la Cité Internationale des Arts, accueilli par celle-ci et la Mairie de Paris auprès de qui il avait déposé sa candidature. Son second long séjour dans la capitale après les années 1977-1978 quand il était étudiant aux Beaux-Arts. « J’ai voulu venir en France pour trouver une nouvelle manière de travailler et d’aborder les choses car c’est plus facile d’y parvenir dans un pays où les idées et la lumière sont différentes de chez soi. De plus j’ai ainsi un accès plus facile aux musées et aux toiles des grands Maîtres ». Très heureux de son atelier, face à la Seine, Pedro Diego Alvarado expérimente de nouvelles techniques de peintures et réalise une série de portraits. Il prévoit aussi de voyager en France, en particulier dans le Lubéron dont il apprécie les paysages et la lumière. Et il ne manquera pas de visiter les expositions et les lieux liés aux peintres qu’il aime, Matisse, Cézanne, les Impressionnistes, les Classiques comme Courbet et Delacroix, les Primitifs de l’Ecole d’Avignon. « Pour moi c’est comme une année sabbatique, j’ai plus de liberté qu’au Mexique où il y a une certaines demande pour mes œuvres et où je suis souvent sollicité pour réaliser des tableaux ».

20 Février 2009
Thierry Joly 





[ A l’Affiche ]

- Franck Andrianjanahary présentera son solo le 21 mars à 13 h à Micadanses, 16 rue Geoffroy-l’Asnier, 75004 Paris. Un débat sur la création suivra la représentation.
- Maya Itoh donnera un concert à la Cité Internationale des Arts le 26 Février à 20 h 30.
- Elena Willis expose actuellement à Guelph et Montréal, au Canada, ainsi qu’à New York. Informations sur son site inernet (www.elenawillis.com) ou une sélection de ses photos est visible.
- « Myth Propaganda and Disaster in Nazi Germany and Contemporary America », est actuellement jouée Au Deutsches Théâtre de Goettingen, en Allemagne (www.dt-goettingen.de), et Stephen Sewell y participera à une séance de questions – réponses le 29 février.
- Certaines œuvres de Pedro Diego Alvarado sont visibles sur son site internet www.pedrodiegoalvarado.com